Au croisement entre le carnivorisme et le végétarisme se trouvait l’omnivorisme, régime alimentaire varié, constitutif de l’homme et favorisé par un appareil digestif compétitif. Il y a désormais le flexitarisme qui, à défaut d'inviter à une pratique originale, s’avère être philosophiquement enrichissant.

Nous ne pouvons que vous déconseiller de vous lancer dans un régime flexitarien sans avoir précautionneusement pesé les différents sacrifices qu’il exige. Finis les rôtis de porc, farcis aux palerons de bœuf, accompagnés de boulettes d’agneau. La pratique du flexitarisme invite à une consommation occasionnelle de chair animale, sans abus, et sonne le glas de la fameuse blanquette de veau au goûter. Une personne ayant seulement diminué sa consommation de viande peut également se revendiquer flexitarien, sans examen particulier de sa pratique antérieure. En effet, dans sa définition officielle, en tout cas celle suggérée par le Robert, le flexitarien "limite sa consommation de viande, sans être exclusivement végétarien". À titre d’exemple, quelqu’un qui engloutissait deux steaks par jour, 7 jours sur 7, peut se targuer d’être flexitarien s’il mange deux steaks par jour, 6 jours sur 7, et qu’il n’en ingurgite qu’un le jeudi.

Semi-végétarien

L’ingestion individuelle de viande, sous toutes ses formes animales, a bondi de 20 kilogrammes en 50 ans. Outre les émanations de méthane que l'on prête aux bovidés, l’élevage mondial absorbe 85 % des céréales cultivées. Réduire sa consommation carnée, même un peu, accorderait donc une forme de répit à la planète, un constat difficilement contestable. Dans la mesure où le végétarisme demeure assez contraignant et le végétalisme l’étant plus encore, les omnivores ordinaires mais soucieux, gourmands mais conscients, ont conceptualisé le flexitarisme. Les flexitariens se définissent comme semi-végétariens tout en revendiquant de n'être ni végétarien ni carnivore ce qui, tout le monde peut en convenir, ouvre le champ des possibles. La dénomination "semi-carnivore" serait tout aussi juste et même plus englobante, mais le barbecue a mauvaise presse et le carnivorisme est affaire de tigres.

La pratique du flexitarisme autorise une consommation occasionnelle de chair animale mais sans abus

Quel type de semi-végétarien êtes-vous ? 

Le semi-végétarisme, dans son caractère laxiste, autorise plusieurs sous-formes de régimes. Si vous mangez du poisson pour toute chair animale, vous êtes pesco-végétarien. Si votre alimentation admet pour seule viande un peu de volaille, vous voilà pollotarien. Quant au pesco-pollotarisme, il agrège poulet et poisson tout en excluant les autres viandes. Si toutefois votre régime est constitué de légumes et que l’unique viande qui y est toléré est le kangourou, eh bien vous êtes kangatarien. Un régime alimentaire assumable en Australie, où le kangourou souffre d'une réputation de nuisible, mais difficilement transposable en France, où les kangourous ne peuvent être observés qu'au zoo. Enfin si vous consommez de tout, que vous cumulez poisson, volaille, viande rouge et kangourou, légumes, tubercules et arachides, par éducation ou appétit, que vous êtes plus flexible que végétarien, alors vous êtes flexitarien ou, dans une appellation moins consensuelle et un peu rétrograde, omnivore.

Il n’est nulle injonction à tout qualifier, nul bénéfice à se parer d’une vertu fardée de bonne conscience, nul intérêt à théoriser le fait de commander une bavette de 150 grammes plutôt qu’une entrecôte de 200, sans quoi le petit Larousse, en plus d’insulter son titre, va bientôt devoir être héliporté pour vous être livré. Et pour ce qui est de sauver la planète, contentez-vous de ne pas prendre de jet privé, comme l'a exhorté notre Première ministre et non moins chargée de la planification écologique et énergétique. Jusqu'à nouvel ordre. 

Alban Castres

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