Partenaire du Sommet de la mesure d'impact, organisé par Impact Tank, qui se tiendra le 18 avril prochain au Conseil économique social et environnemental, 100 Transitions met un coup de projecteur sur certains de ses intervenants phares. Premier volet de cette série : Cédric Turini, directeur exécutif du développement coopératif et social à la Fédération nationale des caisses d’Épargne.

Pouvez-vous nous présenter le périmètre de vos fonctions ?

Je suis responsable du développement coopératif et sociétal à la Fédération nationale des Caisses d’Épargne. Pour mieux expliquer ma position, il faut donner quelques informations sur les Caisses d’Épargne. Nous sommes une fédération de quinze banques régionales qui ont la particularité d’être des banques coopératives de plein exercice. Notre mission à la Fédération est de développer notre modèle coopératif, dont le fondement repose sur nos 4,4 millions de clients-sociétaires. Ce sont eux que nous rémunérons et non pas des actionnaires. Ils peuvent ainsi devenir administrateurs et siéger dans les instances de gouvernance.

Ma seconde activité consiste à développer nos actions RSE et la communication autour de celles-ci. Cette direction a été créée il y a deux ans avec une volonté de développer ce modèle coopératif et engagé. Nous sommes historiquement pionniers sur les sujets de transition de la société, mais nous avons renforcé nos efforts sur deux axes. Le premier est environnemental et englobe principalement les questions de climat et de transition énergétique. Le second est lui plus social et concerne l’inclusion, une notion sur laquelle nous travaillons depuis plus de dix ans. Nous sommes d’ailleurs l’une des rares grandes entreprises à atteindre l’objectif des 6 % de personnes en situation de handicap.

"Nous sommes historiquement pionniers sur les sujets de transition de la société"  

Comment intégrez-vous la notion d’impact dans vos activités ?

Chez nous, la notion d’impact a été intégrée autour de trois axes. Le premier concerne les pratiques internes. Il s’agit de vérifier que nous satisfaisons nous-mêmes aux exigences que nous souhaitons voir appliquer. Nous avons donc choisi d’avoir recours à différents labels en fonction des domaines concernés. Pour la partie RH nous avons ainsi le label Afnor Égalité hommes-femmes, pour la partie environnementale des labels liés à la réduction de la consommation d’énergie. Nous recourons aussi à des labels plus généralistes comme le label B Corp.

Le deuxième axe concerne nos offres commerciales : comment peuvent-elles générer de l’impact positif ou encourager nos clients à avoir un impact positif ? Pour cela, nous proposons toute une gamme d’offres vertes, mais nous disposons aussi de produits plus spécialisés, construits réellement autour de l’impact. Notre prêt à impact en est un bon exemple : nous proposons au client de choisir parmi dix indicateurs sociaux et environnementaux. L’indicateur choisi par le client et le taux d’intérêt du prêt sont indexés eu égard à ses performances sur le critère choisi. Il peut choisir de garder cette bonification ou bien la reverser à une association de son choix. Nous mettons donc en place des mécanismes incitatifs. Depuis quatre ans, nous avons ainsi prêté 1,5 milliards d’euros et reversé 500 000 euros à des associations.

La troisième dimension sur laquelle nous agissons repose sur nos partenariats directs, notamment avec des acteurs de l’ESS. Nous soutenons des projets qui ont beaucoup d’impact, partout en France, au cœur des territoires. Pour 2024, nous sommes aux côtés des clubs sportifs engagés, des associations sportives qui accompagnent des jeunes vers l’emploi.

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Comment mesurez-vous l’Impact ?

Nous ne possédons pas d’outil magique de la mesure d’impact, je ne crois d’ailleurs pas qu’il existe. De notre côté, nous avons trois formes de mesure. La première consiste à se confronter à des référentiels et des labels qui permettent de nous étalonner. On peut citer par exemple le label B Corp ou l’Impact Score conçu par Impact Tank. Cela permet de nous comparer à d’autres entreprises.

Après ce premier niveau, nous disposons d’un second type de mesure, que nous pourrions appeler les systèmes d’évaluation embarqués. Ces derniers sont conçus avec un partenaire expert de la mesure d’impact et viennent directement évaluer des projets concrets, pour vérifier s’ils atteignent bien leurs objectifs. Pour de la construction de logements sociaux par exemple, nous mesurons leur consommation d’énergie.

Concernant le troisième type de mesure, nous utilisons des études et des enquêtes que nous commandons. Par nature, elles sont donc plus ponctuelles, visent des sujets précis et nous permettent d’avoir une photographie détaillée à un moment T, comme l’étude de notre empreinte territoriale.

Pourquoi soutenez-vous le Sommet de la mesure d’Impact et quel message allez-vous y délivrer ?

Nous participons à cet événement qui a un grand mérite : celui de décloisonner le sujet de l’Impact. Ce dernier n’était en effet pas exactement nouveau, mais il demeurait jusque-là cantonné à l’économie sociale et solidaire. Grâce à ce sommet et au travail de l’Impact Tank d’une manière plus large, nous poussons de nouveaux acteurs à s’intéresser au sujet.

De notre point de vue, l’autre intérêt du sommet est qu’il permet d’étudier la mesure d’impact à plusieurs niveaux. Stratégique, avec des dirigeants qui viennent prendre la parole et participer. Opérationnel avec des ateliers, mais aussi à un niveau académique avec des chercheurs qui viennent partager leurs travaux. L’ensemble permet d’en avoir une vision plus globale.

Dans notre cas, nous y participons pour apprendre, mieux comprendre, et aussi pour témoigner et partager nos apprentissages en espérant qu’ils soient utiles à d’autres entreprises.

Propos recueillis par François Arias

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